En 2004, à Pittsburgh, George Davison, CEO de l’agence de product design Inventionland, constate un ralentissement de l’activité : la créativité de son équipe de créateurs s’essouffle… Il décide alors d’investir dans de nouvelles sources d’inspiration pour ses salariés.
Son idée : complètement réinventer les bureaux !
Le but premier était d’intégrer en interne l’ensemble des activités du product design, incluant l’enregistrement des infomercials (pour gagner en temps et en efficacité) et des décors grandeur nature (tels qu’une cuisine équipée pour y tester certains prototypes). Mais après 6 mois d’ébauches, George Davison fait volteface et impose de tout reprendre à zéro : c’est la visite de Disneyland avec ses enfants pendant ses vacances qui l’ont inspiré. Il veut désormais un décor fou dans un entrepôt géant, haut en couleurs, et complètement immersif.
Rien que ça.
Il ne fait pas les choses à moitié : même les jets d’eau en cas d’incendie sont cachés dans de faux arbres ! Il veut une illusion parfaite et complète. Son objectif est de doper l’innovation et la créativité de ses équipes tout en leur offrant un cadre agréable, dans lequel ils se sentent bien.
Jugez par vous-même...
La décision ne passe pas facilement auprès des équipes, qui estiment que c’est trop et qui n’arrivent pas à imaginer le résultat de tant de travaux. George Davison ne revient pas sur sa décision et il recommence les plans de zéro avec ses deux collaborateurs sur ce projet (eux-mêmes employés de longue date d’Inventionland). A force de communication, et avec le temps, les équipes se font une meilleure idée de la vision de leur CEO et acceptent progressivement ce changement, comprenant que ce chantier est avant tout pour eux, et que ce n’est pas simplement une opération de com’.
Ces bureaux conviennent mieux à ma personnalité. - Curtis, employé chez Inventionland depuis 16 ans
Une autre difficulté est celle du financement : les banques ne croient pas immédiatement au bienfondé du projet et ce sont les retours positifs de la presse et le bouche à oreille qui finissent par convaincre les banques. En 2005 les ébauches finales sont terminées. Une année de travaux plus tard, les bureaux d’Inventionland voient le jour.
L’ensemble des collaborateurs a participé à ce chantier d’un an, sur son temps personnel, de manière volontaire. Chacun a donc un réel sens d’appropriation des locaux.
Aujourd’hui, l’entrepôt est divisé en une douzaine de sets ; chacun de ces sets a un thème défini correspondant à l’univers de produits propre à l’équipe qui habite ce set (robot géant pour l’électronique, niche géante pour les produits animaliers, château fort pour les réunions…). Ainsi, chaque inventeur peut imaginer, construire et tester en direct son produit dans son milieu d’utilisation, sans avoir à se déplacer. Parce que finalement, quoi de mieux qu’un bateau de pirate pour inventer des jouets pour enfants ?
Chacun s’installe où il le souhaite : le placement est totalement libre et volontaire, et des espaces libres sont également prévus en dehors des sets. De la musique relaxante s’entend parfois en fond sonore, se mêlant au bruit de la chute d’eau installée au niveau de la fausse grotte. Aucun bruit extérieur, aucune fenêtre, aucun courant d’air n’interrompt l’ambiance imposée par les décors. Une salle de jeux, où se trouvent une table de ping-pong, une table de billard ainsi qu’un bar à snacks, reste ouverte toute la journée et mise entièrement à disposition des créateurs.
Tous les collaborateurs semblent heureux, épanouis, et inspirés par les locaux. Les différents sets sont des espaces fermés : cela limite les interruptions et les distractions sans pour autant menacer la communication, qui reste spontanée et directe. La plupart des employés sont là depuis plus de dix ans, ils se connaissent très bien eux-mêmes et maîtrisent les process, ainsi que leur transmission aux nouvelles recrues.
Si je faisais le même boulot dans un bureau normal, je ne serais peut-être pas resté douze ans ici. -Trevor, employé chez Inventionland depuis 12 ans
Aujourd’hui, les bureaux reçoivent régulièrement des visites d’écoliers ou de managers en quête de nouvelles manières de provoquer l’innovation, moins conventionnelles et plus motivantes. Les designers restent encore aujourd’hui émerveillés et quotidiennement inspirés par leurs bureaux.
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