Pierre nous livre son avis sur la mode de l'agilité en entreprise aujourd'hui.
Méthodologiste passionné depuis vingt-deux ans. Je me souviens encore des retours de Christophe Lerouge à mes débuts, me disant « Il a ça dans le sang !».
J’ai toujours eu conscience de l’aspect cyclique des approches méthodologiques. Au début l’approche est confidentielle, puis elle monte en puissance jusqu’à devenir un effet de mode ; Toutes les entreprises sont tentées de suivre la tendance. A compter de ce moment, l’approche elle-même perd de son sens … On se concentre davantage sur le business de la méthode et le paraitre, plus que sur l’être ou la transformation.
Pourquoi les entreprises font le choix de l’Agilité ?
Certaines entreprises font le choix de la méthodologie pour l’image, ces entreprises prennent des détours, pour ne pas dire dévoient le sens initial de la méthode. Bien évidemment, pas de ROI à la clé ! Tout naturellement, les « late adopters » auront alors la critique facile : « Si ce n’est que ça, on peut bien donner le nom qu’on veut à cette méthodo ISO… RUP… CMMI… »
Nous en sommes au point culminant de l’agilité. Certaines entreprises y vont pour de bonnes raisons (l’accroissement de la motivation, l’accroissement de la valeur produite, l’adaptabilité …) et d’autres pour de mauvaises, parce que c’est IN comme l’offshore en Inde il y a vingt ans. Lorsqu’on y va pour les mauvaises raisons, on ne prend pas le temps de s’intéresser au sens, aux valeurs et principes véhiculés par l’Agilité.
Rythme soutenable, l’humain au centre, le respect, la confiance, la transparence, la collaboration et non la compétition, ce ne sont que des mots ... On a rarement fait le travail de mettre du lien entre tous ces concepts. Evidemment, les post-it et Scrum boards fleurissent partout. Mais l’accroissement du nombre de collaborateurs engagés depuis le dernier sondage GALOP n’a pas vraiment fait un bond. Il y a ici et là des poches agiles avec des développeurs plus heureux et donc plus engagés, mais c’est assez limité.
Le blues de l’Agilité…
Certains voient déjà venir le revers, le retour de la vague Agile. Tout comme pour ISO, CMMI, et finalement tous les effets de mode …C’est pour éviter une telle déception qu’Alistair Cockburn nous propose de revenir au cœur de l’Agilité afin de bénéficier pleinement de ce qu’elle peut nous apporter et de se souvenir de ses fondamentaux.
En France, nous sommes connus pour notre mangement centralisé, directif, paternaliste, descendant, donc complètement aux antipodes de l’agile.
Il est encore temps de lever le Grand Foc* et mettre le cap pleine mer sur les valeurs agiles, lâcher prise sur ce que nous connaissons trop depuis des dizaines d’années, le commande and control, pour acter le changement le plus complexe : nous transformer nous-mêmes en premier lieu.
Formateur en Management Agile 3.0, accompagnateur de l’agilité à l’échelle, Scrum CSP, SAFe SPC, eXtreme programming, Kanban, Pierre a facilité une augmentation sensible de l’engagement et de la motivation des collaborateurs, associé à des gain importants de productivité, prédictibilité et qualité sur les entreprises accompagnées.
* Le foc désigne une voile d'avant de forme triangulaire d'un voilier. Cette voile est retenue par son guindant à l'étai le long duquel elle coulisse pour être hissée. Deux écoutes fixées à une de ses extrémités permettent de modifier son orientation et sa forme pour l'adapter à la direction du vent et à l'état de la mer. Lorsqu'un voilier dispose d'un jeu de voiles d'avant permettant d'adapter la surface de la voilure à la force du vent, le foc désigne une voile de surface intermédiaire entre le tourmentin (voile de tempête) et le génois (voile de grande taille). Le foc contribue à propulser le voilier mais il joue également un rôle primordial dans la réussite de la manœuvre de virement vent debout. (Source Wikipedia)