Bonjour Thomas, ravi de t’avoir avec nous pour cette interview ! Cet échange s’inscrit dans la troisième édition de notre newsletter, conçue pour les startups où la tech joue un rôle clé.
C’est Christophe Pichon, que nous avions interviewé dans la seconde édition, qui nous a conseillé de te rencontrer.
Peux-tu te présenter brièvement et nous rappeler ta connexion avec Christophe ?
Je suis Thomas Berger, CTO du groupe La Centrale depuis trois ans, après avoir été CTO du Parisien pendant 4 ans.
Mon parcours a débuté chez LG Electronics, où j’ai évolué de développeur à chef de projet. Après la fermeture de LG en Europe, j’ai rejoint Alterway pour me spécialiser dans le web et l’open source. C’est Christophe Pichon qui m’a recruté à l’époque.
J’ai travaillé sur des projets majeurs pour l’État (Ministère des Affaires Etrangères, Service du Premier ministre) et dirigé l’avant-vente technique. Ensuite, j’ai intégré Photobox en prenant plus de responsabilités managériales. Après cette expérience, j’ai rejoint Le Parisien, puis La Centrale, où je dirige aujourd’hui les équipes techniques et data engineering.
Si on parle un peu de toi, peux-tu partager deux faits marquants ou anecdotes qui ont fait pivoter ta carrière ?
Le premier événement marquant a été la fermeture de LG Electronics en Europe. Cela m'a forcé à sortir de ma zone de confort et à me poser la question : "Qu’est-ce que je veux vraiment faire ?"
J’ai réalisé que la routine ne me convenait pas. Ce besoin de se renouveler est devenu un vrai moteur dans un secteur qui évolue très vite.
Le deuxième tournant important, c'est ma rencontre avec Christophe PICHON (qui m’a recruté chez Alterway, puis Photobox). Il a cette capacité à tirer le meilleur de chacun, par la confiance et la liberté. J’ai eu la chance de travailler sous sa direction à deux reprises, ce qui a beaucoup influencé ma manière de manager aujourd'hui.
Qu'est-ce que tes équipes disent de toi en tant que leader ?
Je pense que cela dépend du poste que j’occupe et des équipes que vous interrogez, mais des échos que j’ai, je suis perçu comme très engagé, parfois même un peu trop. Mes équipes diraient probablement que je les mets sous pression, mais en restant à l’écoute.
Je suis exigeant, mais peu autoritaire ou arbitraire. En réalité, j'ai du mal à me contenter de mon rôle de manager, j'ai tendance à vouloir creuser les aspects techniques. Je l’explique par un côté chez moi ou j’ai besoin de tout comprendre. J'aime avoir une vue d'ensemble mais aussi comprendre les détails et m’assurer de la cohérence.
Que fais-tu de ton temps libre ?
J'ai besoin de me déconnecter, de couper avec le quotidien. J’adore marcher dans la campagne aller à la pêche. J’aime aussi le jardinage et le bricolage, des activités qui me permettent de me recentrer.
Lorsque tu recrutes un architecte ou un développeur, quels sont les soft skills que tu recherches en priorité ?
Peu importe le profil, que ce soit un architecte ou un développeur, je me concentre beaucoup sur les soft skills. Une des qualités que j’attends est l’orientation business. Quel que soit son rôle, il est pour moi important de comprendre pourquoi nous faisons les choses. Notre rôle dans une entreprise comme La Centrale n’est pas de théoriser le code, mais d’adapter la complexité pour atteindre nos objectifs.
Une autre qualité importante est la collaboration. J'aime beaucoup cette citation : "Tout seul, on va plus vite, mais à plusieurs, on va plus loin." Pour un architecte, je mets encore plus l’accent sur cet aspect collaboratif. C’est fondamental.
Est-ce plus difficile de trouver ces compétences aujourd’hui ? Pas forcément. Je dirais même que l’aspect « business-oriented » se trouve plus facilement qu’il y a quelques années.
Si le Thomas Berger d'aujourd'hui croisait son clone de 25 ans, quels conseils lui donnerait-il ?
Je lui dirais simplement : "Continue comme ça." Je n’ai pas de regrets. Ah si, une chose : “Arrête de fumer !”
En quoi consiste ton rôle de CTO au sein de La Centrale ?
J’aime quand la technologie est au cœur du business.
C’est le cas à la Centrale et c’était le cas au Parisien où le passage au digital est devenu vital.
Et l’une de nos problématiques majeures est la priorisation et l’arbitrage, car nous avons souvent quatre fois plus de travail que ce que nous pouvons réellement accomplir, il faut donc se focaliser sur les tâches ayant le plus d’impact.
Quelles sont les trois principales problématiques qui te préoccupent ou t'empêchent de dormir dans ton rôle de CTO ?
La première c’est qu’est-ce que je vais faire avec l’IA Générative ? Je m'y plonge beaucoup pour comprendre, mais les cas d’usage pour notre industrie ne sont pas toujours évidents.
Ensuite, je pense à l’organisation de mes équipes. Je me demande constamment comment les rendre plus efficaces tout en veillant à ce qu’elles soient bien dans leur travail.
Quelles sont, selon toi, les vagues technologiques qui bouleverseront les systèmes d'information de demain ?
En plus de l’IA, je pense que les tendances de fond sont les services managés et la plateformisation.
Ces deux mouvements vont permettre de recentrer nos équipes sur des activités à forte valeur ajouté et différenciantes.
Je regarde aussi le “no code” qui est intéressant mais dont un des risques selon moi est la gouvernance.
À quoi, selon toi, ressembleront les systèmes d'information du futur ?
Je crois que les SI du futur seront vraiment centrés sur la création de valeur. En tant que CTO, tu deviens un véritable partenaire business, tu accompagnes l'innovation et la création de nouveaux modèles économiques. Il y aura une continuité de cette tendance. Mais si je devais me demander ce qui ne sera jamais totalement digitalisé, je dirais la relation client. Comprendre les besoins des clients et les traduire, ça restera une compétence humaine et peu digitalisée.
Quelle est ta vision des différences entre le rôle de DSI/CTO dans une startup, une ETI ou un grand groupe ?
Pour moi, ce sont trois métiers complètement différents, mais mon expérience ne me permet pas forcément d’être très pertinent sur le sujet .
Dans une startup, le DSI est très "hands-on". Tu dois avoir une forte implication technique et garder une vision très bas niveau.
Dans une ETI ou une PME, tu portes encore la casquette de directeur technique avec un besoin de crédibilité technologique. Tu accompagnes la croissance de l'entreprise tout en participant à la création de valeur, avec un rôle toujours opérationnel.
Dans un grand groupe, j’imagine que c’est un rôle plus politique. Tu as moins de contact direct avec le terrain. C’est un rôle très stratégique, orienté vers la direction générale, avec une hiérarchie beaucoup plus marquée.
Enfin, pour notre prochaine newsletter, quelle personne nous recommandes-tu de rencontrer et pourquoi te semble-t-elle intéressante ?
Je vous conseille deux personnes :
Sam Ramashandra : CTO du Parisien, je pense qu’elle pourra apporter un éclairage intéressant.
Céline Bayer : CTO de Lemonway, parce qu’elle est brillante et qu’elle a une vision qui pourra aussi faire sens pour votre prochaine édition.