Pour aller à l'encontre d'une idée reçue, ce ne sont pas les opérationnels qui sont le plus retors aux changements vers l'agilité et le DevOps.
L'agilité leur promet d'être plus d'autonome et de se concentrer sur leur métier en réduisant les tâches à moindre valeur ajouté comme le reporting, ou la documentation. La plupart des personnes ayant le sens du travail bien fait ne demande que cela et va accueillir favorablement cette transformation.
Par contre le management, bien qu'accueillant les méthodes agiles à bras ouvert pour leur efficacité et leur souplesse a souvent plus de mal à se transformer. En effet le changement demandé est beaucoup plus important pour eux.
Pour résumer le manager passe souvent d'une posture de donneur d'ordre et de contrôleur à une posture de facilitateur et de confiance vis-à-vis de ses équipes. On ne lui demande plus d'être le chef qui prend des décisions et qui est le seul responsable des échecs, des réussites et de la bonne rentabilité de ses équipes. On lui demande de créer un contexte dans lequel chacun puisse être responsable et donc en capacité de prendre les décisions qui lui incombent à son niveau de compétence.
Culturellement les managers français sont attachés à la hiérarchie et à l'autorité (n'oublions pas que Polytechnique qui forme l'élite des managers français est une institution militaire :-)). Bien que cela soit en train de changer, il leur est donc encore assez peu naturel de lâcher la barre du commandement ainsi que d'accorder leur pleine confiance à leurs subordonnés. Ces points sont pourtant essentiels pour que les équipes soient autonomes et puissent être totalement agile.
Une partie de son travail n'étant plus requise, le manager pourra se reconcentrer sur une autre tâche essentielle à l'entreprise et qui est communément phagocytée par le command&control. Cette tâche est celle de créer, de partager et d'emmener les équipes vers une vision commune de l'entreprise ; ou autrement dit de revenir vers son rôle de leadership.
La transformation agile des managers est donc au final plus un changement d'état d'esprit qu'un changement méthodologique. C'est en ça qu'il est plus profond, plus complexe, et donc plus lent à se réaliser. Il est aussi un prérequis à la transformation des opérationnels qui sans un management transformé ne pourront être ni alignés sur une vision commune ni autonomes.