Travailler derrière son ordinateur sur la énième étude de marché devient vite lassant… Alors comment faire en sorte d’éviter le bore-out ? Imaginez-vous face à votre écran de téléphone, vous ouvrez l’application Candy Crush et essayez de passer le niveau 324 mais une fois de plus, c’est impossible… Pourtant deux heures plus tard vous retenterez votre chance ! Comment faire pour que les collaborateurs soient face à leur mission comme un utilisateur face à son niveau 324, prêt à tout pour réussir ? Les 200 collaborateurs de Mindvalley répondent à ce casse-tête par plusieurs petites pratiques très originales.
Ce n’est pas une mais quatre techniques de gamification du travail que pratiquent les collaborateurs de Mindvalley au quotidien. Elles résultent toutes des hackathons réalisés par Mindvalley (dont on vous parle ici) pour réinventer perpétuellement la structure, les méthodes et les façons de travailler de l’entreprise. Les quatre pratiques suivantes, issues de Hackathons organisés par Mindvalley sont donc essentielles pour comprendre comment Mindvalley met en place une ludification totale du travail :
La plateforme 1up : Utiliser des badges numériques inspirés des superhéros Marvel pour témoigner de la reconnaissance entre pairs
Les collaborateurs ont créé la plateforme 1up, dédiée à l’envoi en ligne de badges représentant des super-héros et de petits mots pour témoigner leur reconnaissance auprès de leurs collègues. Par exemple, si l’employé se voit attribuer le badge « Flash », cela voudra dire qu’on le remercie pour sa rapidité d’exécution et son efficacité. En misant sur la justice distributive, c’est-à-dire le sentiment que ce que l’on reçoit au travail est juste, Mindvalley augmente le sentiment de bien-être de ses employés.
Bell of Awareness et Wall of Awesomeness
Le but dans un jeu est de passer au niveau suivant et ainsi de suite, c’est la même chose chez Mindvalley. Dès qu’un projet ayant requis de nombreuses heures de travail et permettant à l’entreprise de progresser se termine, on peut sonner une cloche à l’entrée des locaux, la Bell of Awareness pour témoigner de sa réussite, de sa persévérance et de son gain d’expérience.
Le mur des exploits ou Wall of Awesomeness est une autre pratique pour incarner cette même idée : sont affichés sur ce mur tous les exploits réalisés par les collaborateurs, du TedX au nouveau-né, il y a de tout !
Le Awesomeness Report et le Leader Board
Toutes les semaines, une équipe est invitée à témoigner de sa réussite sur la scène de l’auditorium, tel est le principe de l’Awesomeness Report.
Mais si les équipes sont valorisées en montant sur scène et en pouvant partager leur réussite, les collaborateurs peuvent l’être également individuellement : le vendredi sort le Leader Board où trois employés sont nommés par un voté général où tout le monde peut participer ou non, pour avoir significativement influencé la réussite de l’entreprise durant la semaine. C’est un jugement tout à fait subjectif mais qui permet à certaines personnes d’être mis sur le devant de la scène et surtout d’être remerciées pour leur travail au quotidien. Il peut s’agir aussi bien de l’intendant ayant réparé une barre dans la salle de gym que d’un designer ayant réalisé une nouvelle image de synthèse. Les rassemblements destinés à récompenser les équipes ou les collaborateurs ne sont pas instaurés pour évoquer les résultats ou la performance mais pour glorifier les accomplissements de chacun et les motiver encore plus dans leur tâche. En effet, le fait de partager la réussite des équipes crée une émulation positive : quand certaines ne veulent pas décevoir, d’autres sont boostés et motivés à devenir l’équipe qui montera sur scène la semaine d’après.
Des Easter Eggs
Quand le jeu se complique et qu’il devient difficile de franchir les niveaux, les designers de jeux arrivent toujours à ressusciter l’excitation chez les utilisateurs en intégrant des petites fonctionnalités surprises (appelés easter eggs par nos amis « geeks »). Chez Mindvalley, c’est S.P.L.A.S.H qui détient ce rôle. SPLASH c’est une équipe dont les membres changent perpétuellement afin de rester anonymes. Un budget qui dépend des résultats de l’entreprise leur est accordé chaque mois. Leur but est de rendre le travail léger et la collaboration enjouée par des petits cadeaux ou l’organisation d’évènements internes décalés lorsqu’ils sentent que l’atmosphère de travail devient pesante. Un peu les anonymous du fun quoi. Il ont par exemple improvisé un « Starbucks Coffee for everyone » pour toute la société un matin.
Notre interlocutrice conclut donc : lorsqu’on détruit les barrières entre travail et jeu, les collaborateurs viennent avec de nouvelles idées et sont plus créatifs. Ils s’investissent dans l’amélioration continue de la collaboration, des services proposés par l’entreprise, et in fine de l’entreprise en elle-même. Cette ludification du travail permet aux collaborateurs de dépasser la relation initiale de collègue et de créer une relation beaucoup plus forte. Les employés partagent de nombreux moments décorrélés du travail, ce qui permet de renforcer les liens, de permettre aux employés de se connaitre, et donc de mieux travailler ensemble.